Mon doux seigneur, dans quoi j'me suis embarqué?
Je pourrais toute te crisser les 365 tounes sur trois cds puis tu pourrais t'arranger avec. Ben non l'cave. J'ai décidé que j'allais toutes te présenter les tounes une après l'autre. Pourquoi faire? Peut-être parce que j'ai du plaisir à le faire. Aussi parce que je veux que t'aimes ça autant que moi écouter une toune pop avec du synté dedans. Ça suffit les moqueries, le 80's bashing facile. T'as pas besoin de devenir gay ou virer gothique pour aimer ça. Les synthés ça fait de la musique comme le reste. Pas juste ça, c'est juste bon tout court. Si tu veux avoir l'air vraiment tuff puis cacher cette homosexualité que tes proches ne sauraient voir, ben, va te cacher en arrière de ton Limp Biskit ou ton AC/DC. Icitte, man, on parle de synths. Va falloir que tu t'y fasses.
Puis l'autre avec la queue de cheval qui voudrait que je parle des pionniers. Man, Rick Wakeman, man. Tangerine Dream, man...
OK, je te dois un petit survol historique. Le synthé, avant et pendant la pop s'est épanoui au sein de cinq petits univers.
D'abord ce que j'appellerais la fantaisie, le ludisme et la naïveté : Perrey & Kingsley et Wendy Carlos. Des compositeurs et interprètes de formation classique reproduisent les grandes oeuvres de musique classique et populaire avec les nouvelles machines dont le populaire Moog. Deux pièces originales, amusantes et pertinentes en ressortent : E.V.A. de Perrey (1970) et Popcorn de Kingsley (1972). L'album Switched-On Bach de Carlos est fort populaire en 1968.
Ensuite, la présence du synth dans le classic rock. Les meilleurs exemples : Baba O'Riley et Won't Get Fooled Again des Who (1971) et Frankenstein du Edgar Winter Group (1973). Bien que l'apport soit parfois magnifique, puissant et rassembleur, le synthétiseur ne fait que rendre visite le temps d'un bridge et n'ose pas s'imposer trop longtemps.
Les philosophes, les artistes contemporains, les nihilistes et les scientifiques sautent sur ces nouveaux appareils. Ça donne le krautrock de Suicide, Silver Apples, Can et Soft Machine. Souvent allemands, toujours expérimentaux, ceux-là saisissent la signification des appareils synthétiques et sa puissance psychédélique et évasive.
Le prog-rock : Emerson Lake & Palmer, Genesis, Yes (Rick Wakeman), Triumvirat ont tous leur claviériste aux nombreux synthétiseurs. Des solos interminables pour démontrer leurs connaissances en musique classique et le fait qu'ils ne font pas d'arthrite ont fait légion. Tout de même, ces virtuoses ont permis aux jeunes punks qui les ont achevé de trouver plein plein de synthés pas cher et de pouvoir faire du new-wave.
Le new-age : (à ne pas confondre avec le new-wave). Klaus Schultze, Amon Düul, Tangerine Dream, Jean-Michel Jarre et Vangelis en sont les chefs de file. Une vision ésotérique issue des années '60 et la rencontre des sonorités incroyables et infinies des synthés emmènent certains artistes à exploiter à fond les sonorités des instruments. Bien que les objectifs soient idéalistes et spirituels, on y travaille tout de même les timbres, l'espace et le groove comme aucuns ne l'avaient fait avant eux.
Oui mais Kraftwerk... oui oui ils étaient déjà à l'oeuvre. Sois patient, on en reparlera plus tard.
La pop, qui nous intéresse ici, en bonne recycleuse, envalera toutes ces idées et jouera de prétentions pour la jeunesse et faire commerce. Et c'est ce que j'aime.
That's it. Continuons maintenant.
(Ça aura été le plus long de mes textes dans cette série. Tiens-toi le pour dit.)
***
Puis l'autre avec la queue de cheval qui voudrait que je parle des pionniers. Man, Rick Wakeman, man. Tangerine Dream, man...
OK, je te dois un petit survol historique. Le synthé, avant et pendant la pop s'est épanoui au sein de cinq petits univers.
D'abord ce que j'appellerais la fantaisie, le ludisme et la naïveté : Perrey & Kingsley et Wendy Carlos. Des compositeurs et interprètes de formation classique reproduisent les grandes oeuvres de musique classique et populaire avec les nouvelles machines dont le populaire Moog. Deux pièces originales, amusantes et pertinentes en ressortent : E.V.A. de Perrey (1970) et Popcorn de Kingsley (1972). L'album Switched-On Bach de Carlos est fort populaire en 1968.
Ensuite, la présence du synth dans le classic rock. Les meilleurs exemples : Baba O'Riley et Won't Get Fooled Again des Who (1971) et Frankenstein du Edgar Winter Group (1973). Bien que l'apport soit parfois magnifique, puissant et rassembleur, le synthétiseur ne fait que rendre visite le temps d'un bridge et n'ose pas s'imposer trop longtemps.
Les philosophes, les artistes contemporains, les nihilistes et les scientifiques sautent sur ces nouveaux appareils. Ça donne le krautrock de Suicide, Silver Apples, Can et Soft Machine. Souvent allemands, toujours expérimentaux, ceux-là saisissent la signification des appareils synthétiques et sa puissance psychédélique et évasive.
Le prog-rock : Emerson Lake & Palmer, Genesis, Yes (Rick Wakeman), Triumvirat ont tous leur claviériste aux nombreux synthétiseurs. Des solos interminables pour démontrer leurs connaissances en musique classique et le fait qu'ils ne font pas d'arthrite ont fait légion. Tout de même, ces virtuoses ont permis aux jeunes punks qui les ont achevé de trouver plein plein de synthés pas cher et de pouvoir faire du new-wave.
Le new-age : (à ne pas confondre avec le new-wave). Klaus Schultze, Amon Düul, Tangerine Dream, Jean-Michel Jarre et Vangelis en sont les chefs de file. Une vision ésotérique issue des années '60 et la rencontre des sonorités incroyables et infinies des synthés emmènent certains artistes à exploiter à fond les sonorités des instruments. Bien que les objectifs soient idéalistes et spirituels, on y travaille tout de même les timbres, l'espace et le groove comme aucuns ne l'avaient fait avant eux.
Oui mais Kraftwerk... oui oui ils étaient déjà à l'oeuvre. Sois patient, on en reparlera plus tard.
La pop, qui nous intéresse ici, en bonne recycleuse, envalera toutes ces idées et jouera de prétentions pour la jeunesse et faire commerce. Et c'est ce que j'aime.
That's it. Continuons maintenant.
(Ça aura été le plus long de mes textes dans cette série. Tiens-toi le pour dit.)
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Jour 2
Dream Weaver - Gary Wright
Extrait de l'album The Dream Weaver (1976) - US
Extrait de l'album The Dream Weaver (1976) - US
L'américain Gary Wright est un des premiers à oser une chanson presque entièrement synthétique (la batterie est jouée par un ami du compositeur-interprète). Issue d'un album concept typiquement prog, cette charmante ballade rock et funk devient une chanson populaire et se hisse au #2 du Billboard. Un monstre est créé, mais comme tout monstre, on le poke avec un bâton pendant quelques instants en se moquant de ses traits hideux. La folie synth ne commencera que quelques années plus tard. Ça prendra bien plus qu'un progueux, ça prendra des punks, des afros et des folles pour faire vibrer la jeunesse et le monde à sa suite. Dream Weaver, en avance sur son temps en 1976, demeure tout de même le premier hit synth comme on en verra par milliers plus tard. Love To Love You Baby de Donna Summer la précédait au Billboard avec ses synthés timides, mais... mais... comment ça je ne parle pas d'elle... t'sai... ouain... entéka. On se revoit demain pour plus d'explications, avant de me faire battre par des Italiens et me faire griffer par la belle Donna. Demain, tu t'en doutes, t'as déjà droit à LA pièce. La meilleure des 365. Celle où papa synth s'est trouvé dans maman beauté. La sens-tu s'en venir?